CETTE SEMAINE DANS L'IA ET LA FINANCE • Claude, Mistral, Cohere : quelles alternatives à ChatGPT ? • D'Allianz à Zurich, les agents s'infiltrent dans l'assurance • IM.IA : dans l’investissement, l’IA pousse vers l'alpha • Via les cryptos, l’explosion de la bulle IA peut causer une crise globale • Bienvenue dans Qant, vendredi 7 novembre 2025.
« Le progrès est devant nous, à condition de dépasser sa propagande » • Paul Virilio
Tous les doutes sur l'explosion de la bulle IA finissent par se révéler… ni vrais ni faux. La volatilité dont font preuve les valeurs technologiques montre que les signaux d’une bulle technologique, alimentée par le levier et la concentration du risque, sont bien présents à l’esprit des investisseurs. Mais la dynamique industrielle se poursuit : le numéro deux, Anthropic, projette d’atteindre l’équilibre dans trois ans, avec 70 Md$ de chiffre d’affaires en 2028. Après avoir imposé Claude comme le modèle de référence pour le code informatique, la start-up lance une grande offensive de charme vers le monde de la finance, qui accélère son adoption, de l’assurance à la gestion d’actifs. Dans l’investissement, le Citi Institute montre que l’utilisation de l’IA est en train d'évoluer, de la simple recherche d’efficacité à la génération d’alpha, la recherche de surperformance au cœur du métier.
L’empereur Claude et la finance
« Il est difficile de parler de bulle IA alors que très peu de sociétés de l’IA sont cotées » observe à juste titre Maxime Dubreil, responsable de la recherche actions chez Invest Securities. Ce qui inquiète les marchés, c’est la course aux data centers lancée par l’adoption de l’IA dans l’économie. Or, il est relativement aisé de se protéger de ce risque, comme nous le montrons avec l’exemple de Deutsche Bank.
Cela ne signifie pas que le vertige qu’inspirent les valorisations de Palantir et Tesla, et même de Nvidia et Oracle, soit infondé. Une correction peut aisément prendre la dimension d’une crise structurelle, car l’IA et les cryptos vont de pair, explique Hillary Allen plus loin dans nos colonnes, et l’intégration de ces dernières à la finance américaine fragilise l’ensemble du système.
« La bulle de l’IA, comme celle des cryptomonnaies, a été gonflée par le même récit : les technologies qui bouleversent les anciens paradigmes. Si l’opinion se convainc des limites de l’IA, [cela] minera aussi l’enthousiasme pour la crypto. Cela peut entraîner un effondrement des actifs crypto à caractère quasi-pyramidal, tels que le bitcoin, ainsi que des ruées sur les stablecoins (...). Et si leurs émetteurs sont contraints de liquider leurs réserves, ils pourraient déclencher des retraits massifs dans les banques et entraîner dans le maelström le marché des bons du Trésor » • Hillary Allen (lire ci-dessous).
On aurait été surpris que Donald Trump ne favorise pas les cryptos.
sera heureux de tous vos commentaires et suggestions.
Les illustrations de Qant, cette semaine, voulaient rendre hommage à Piero della Francesca. Mais l’IA en a décidé autrement.
Le fait nouveau : Anthropic table sur 70 milliards de dollars de chiffre d’affaires et un cash-flow positif de 17 Md$ en 2028, selon The Information, avec une marge brute attendue à 77% (contre 50% en 2025). Ce serait donc le premier créateur de modèles à atteindre un cash-flow positif.
En cours • La dynamique 2025‑2026 est déjà balisée : Reuters a révélé un objectif de 9 Md$ de revenus annualisés d’ici fin 2025, puis entre 20 MD$ et 26 Md$ en 2026. L’entreprise vise 3,8 Md$ de revenus API en 2025 (contre 1,8 Md$ pour l’API d’OpenAI), et Claude Code approcherait 1 Md$ de revenus annualisés.
Le contexte • Microsoft a ajouté les modèles d’Anthropic à Microsoft 365 Copilot, Salesforce a étendu son partenariat, et Claude sera déployé à très grande échelle chez Deloitte et Cognizant. Depuis la rentrée, Anthropic a lancé deux modèles plus compacts et économiques, pensés pour des déploiements massifs : Claude Sonnet 4.5 et Claude Haiku 4.5. L’éditeur a aussi élargi « Claude for Financial Services » (connecteurs marchés, add‑in Excel) et lancé une brique « Enterprise Search » pour relier Microsoft 365 (SharePoint, OneDrive, Outlook, Teams) et d’autres outils internes à Claude.
Oui, mais… • La trajectoire dépend d’Anthropic de facteurs non techniques. L’entreprise doit absorber un passif juridique (1,5 Md$ pour régler une action collective d’auteurs) et gère un crédit renouvelable de 2,5 Md$ pour financer la croissance. Les marges visées supposent des gains d’efficacité soutenus, des prix stables des puces et une demande entreprise durable.
Face à OpenAI • Anthropic exécute une stratégie résolument B2B, alors qu’OpenAI tente de garder un marché ouvert pour les entreprises tout en donnant la priorité au développement des 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires de ChatGPT. De plus, Antrhopic s’adosse à de grands clouds (notamment Google Cloud et Amazon Web Services, ses actionnaires), alors qu’OpenAI tente de tisser des liens avec tous les fournisseurs possibles. Ce choix d’Anthropic réduit l’empreinte capitalistique à court terme et accélère l’accès à la capacité de calcul – un levier clé pour convertir l’intérêt des grands comptes en revenus récurrents.
EN FILIGRANE • La plus grande IPO de l’histoire • OpenAI vise un chiffre d’affaires de 100 milliards de dollars de revenus dès 2027, mais avec une lourde consommation de cash : 17 Md$ dès 2026 et 115 Md$ cumulés d’ici 2029. Valorisée 500 Md$ en octobre via une vente secondaire, elle miserait sur un dernier tour privé avant une IPO fin 2026 ou début 2027, où elle lèverait plusieurs dizaines de milliards sur une valorisation d’au moins 1 000 milliards de dollars.
À SURVEILLER : Après avoir levé 13 milliards de dollars début septembre, sur une valorisation estimée à 183 Md$ post‑money, Anthropic chercherait de nouveaux fonds, sur une valorisation comprise entre 300 Md$ et 400 Md$. Indicateurs à suivre : la conversion des pilotes Microsoft 365/Copilot en grands contrats et l’adoption des offres sectorielles, comme celle avec la Bourse de Londres (LSEG) dans la finance que nous détaillons ci-dessous.
9 décembre • Paris • L’IA dans l’assurance • Le Cercle IA&Finance et Qant réunissent autour d’un petit-déjeuner trois grandes compagnies d’assurance françaises sur la thématique : comment passer à l’échelle ? sur quels cas d’usage ?
Un agent d’IA pour liquider les sinistres • Allianz SE vient de lancer, depuis son siège à Munich, une solution d’IA agentique baptisée « Project Nemo » pour automatiser les sinistres liés au gâchis alimentaire («food spoilage») consécutif à des catastrophes naturelles. Cette architecture associe plusieurs agents spécialisés : vérification de couverture, confirmation d’événement météo, détection de fraude, orchestration du workflow, rédaction de synthèse et audit, le tout sous supervision humaine («human-in-the-loop»). Le délai de traitement des dossiers simples passe de plusieurs jours à quelques heures, voire moins de cinq minutes dans certains scénarios. L’objectif est d’absorber les pics de sinistralité pendant les événements climatiques extrêmes tout en maîtrisant les coûts et en préservant la qualité ; à terme, Allianz envisage d’étendre le dispositif à d’autres lignes à fort volume et faible complexité. Ce type d’automatisation peut modifier la granularité des triangles de sinistralité et influencer la calibration des provisions pour les actuaires et réassureurs.
...